Temoin de cuiseur
Enfin terminée, cette cuisson restera dans les anales, rien de scabreux rassurez vous, juste une cuisson hors du commun et non des mortelles.
Tout a commencé un soir d’hiver 2007, ou Bertrand, grand céramiste en SOUBESTRE, cherchait un raccourci pour réaliser une cuisson un 31 décembre. Raccourci qu’il ne trouva jamais, en effet, la charge de travail et la physionomie des personnages à modeler ont eu raison de ses labeurs. Je ne m’étendrais pas sur les autres soucis (financiers et autres), qui eux aussi ont contribués à perturber l’acharnement de Bertrand à cuire au plus vite (nous ne remercierons donc pas l’URSSAF et la Maison des Artistes) .
Finalement fin décembre une date est lâchée, ferme et définitive, ce sera la cuisson de la St Valentin « début le 14/02/08 vers 20h, pour environ 75h de feu non stop.
Jeudi14/02/08, 20h30 la torche d’allumage est jetée dans la cheminée, c’est parti, 13 stères de bois très médiocrement sec, sont stockés pres du four, 16 cuiseurs à tendances pyromaniaques aggravées, se relaient à l’antre du four toute les 6 heures.
Ripaille, rigolade, musique et discussions parfois acharnées, tournent en boucle 24h/24h, Bertrand en bon capitaine, est sur le pont 20/24h.
Le petit feu (environ 24 h), se passe à merveille, et le passage au grand feu est dans les tours. Au bout de 64 heures de cuisson, la T° oscille péniblement autour de 1100°C, les heures passent et la montée en température trépasse. Enfer et stagnation ! le capitaine comprend bien, qu’il est en train de griller ses derniers fagots, et que le stock de bois ne sera pas suffisant pour atteindre ces 1300°C tant attendu (degrés extrêmement capricieux et sujet à des théories fondées sur un rideau de fumées que Bertrand s’empresse d’éclaircir).
2 stères de bois chez Mr Delinote sont rapatriés dans l’après midi de dimanche, et il est décidé de changer la façon de cuire, toute la nuit de dimanche à lundi on cuit porte fermée, l’équipe du lundi matin (6h à midi) est inquiète car la variation de T° est aussi légère qu’un plume d’oiseau mouche anorexique. Le stock de bois touchant sa fin, l’alerte générale est lancée, on decide de reduire un peu plus le sommeil de Bertrand, tous les morceaux de bois restants sont enrôlés sur le champ, mais ceux-ci sont guère plus sec, et en nombre bien trop restreint. Quand soudain SAUVPIQUET se manifeste, un stock de piquets d’acacia datant d’avant J.C. (2000ans de séchage) est déniché. Une équipe s’empresse de l’acheminer et de le fendre. Au final 2 stères permettent de rebooster le four jusqu’au lundi dans la nuit. Les précieux degrés sont grignotés peu à peu, les montres (témoin de température atteinte) oscillent et finissent leurs courses couchées devant leur maître. Le pyrometre (sonde de t° avec indicateur numérique), Calimero de toute les cuissons car jamais tres juste à ce qu’il parait, marque aussi une nette élévation de la T°. A la 100 eme heure (mardi 0h30 ) à cour de bois, les 1300°C que tous céramistes revent de carresser sont atteints……..Ouf…..big soupirrrrrrr.
Quelques faits notoires :
RG et RGette (petits oiseaux à la gorge rouge) accompagnent l’équipe du matin (6h -12h) en venant débarrasser la table des cuiseurs de quelques reliefs de repas, tout en les gratifiant de leurs chants mélodieux.
Vendredi soir, les premières offrandes, Nico L. chevrier nous amène un jambon, pas tres sec (decidément …), il est décidé de le faire rôtir en haut de la cheminée du four (hauteur de la cheminée 2.5m), Mais celui-ci en chauffant se glisse le long de ca broche et tel un kamikaze, se suicide dans la cheminée. Par la suite, les odeurs de cochonaille se feront sentir sur plusieurs heures….
A la centième heure de cuisson, 0h30 tapante, alors les derniers morceaux de bois (les plus tortueux) sont avalés par la bouche de Yull (nom du four) et font durer le plaisir, la cuisson s’achève par un rot tonitruant de YULL, rejetant une braise à nos pied, grosse surprise et gros éclats de rire…..
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